Le petit monde médiatico-politique s'est emballé : des jeunes ont osé huer le Président à la fin des cérémonies du 11 novembre !
Pourtant, la cérémonie elle-même a été respectée : la minute de silence n’a souffert d’aucune perturbation, les militaires ont été applaudis… Seul l’hôte de l’Elysée a fait l’objet de sifflets.
Je peux comprendre que des gens s’étonnent, s’indignent même, de voir ce jour si riche de mémoire et de symboles rattrapé par les questions politiques du moment. On voudrait qu’il eût été un jour dédié à cette unité nationale pour laquelle M. Hollande a tant œuvré.
Il est vrai qu’en la matière, on lui doit beaucoup. En 2012, la France semblait divisée : d’un côté, le grand patronat, ami du pouvoir… d’un autre, les ouvriers des entreprises délocalisées… ailleurs encore, les immigrés… Bref, chacun, en ordre dispersé, rongeait l’os amer de son ressentiment (ou pas). Mais vint le joli mois de mai : « Lui, Président », la France serait réunie sous la bannière étincelante du progrès, en marche vers l’indépassable horizon des lubies socialistes.
Ça a presque fonctionné. La France est réunie, c’est un fait : des sondages presque unanimes, des foules immenses dans les rues, marchant ensemble vers les lieux symboliques de notre démocratie…
… ou de ce qu’il en reste. Car si aujourd’hui les Français sont réunis, ce n’est certainement pas sous la bannière présidentielle. Et les médias, derrière Valls, auront beau nous abreuver de ce terme d’ « extrême-droite » qui finit par vouer indistinctement à une vindicte de moins en moins populaire ceux qui refusent la politique gouvernementale, rien n’y fait : voilà 30 ans qu’on nous ressort périodiquement cette vieille rengaine, sans se rendre compte qu’elle produit l’effet inverse de celui qu’elle semble devoir produire.
Alors oui, il serait choquant de manifester son désaccord vis-à-vis du gouvernement en un tel jour… si seulement on avait le choix. Car, face aux Français et à leur colère, se trouve un régime autiste, claquemuré dans ses certitudes idéologiques, qui nous rejoue sans cesse les airs du « pas encore assez » et de Potemkine.
« Pas encore assez », parce que, en bon fils spirituel d’autres régimes, celui-ci préfère s’engluer dans les pires travers que de renoncer à ses erreurs. Il y a des problèmes ? « C’est qu’on n’a pas encore été assez loin ». Alors se poursuit l’inexorable fuite en avant, romantique, tragique, vers le néant.
Potemkine, parce que, à grands coups de tonfa, certaines oppositions se voient réduites au silence et à l’invisibilité. Combien de manifestants se voient non seulement relégués hors de portée vocale des saintes oreilles présidentielles, mais sont aussi rendues invisibles par les ordres de vol et de dégradation donnés aux CRS vis-à-vis des drapeaux des opposants ? Comme jadis la tsarine Catherine, le président François doit n’avoir devant les yeux qu’un peuple enthousiaste, confiant, voire reconnaissant… quand bien même il faudrait qu’on fît pour cela un peuple factice.
Face à nous, nous avons un gouvernement qui ne cesse d’inciter tous les dictateurs du monde à écouter leurs peuples respectifs. Malheureusement, dans les faits, c’est plutôt ce gouvernement qui les imite, en n’apportant pour réponse à un peuple au bord du désespoir, que des insultes (« extrême-droite », « homophobe », « intolérant », « groupe factieux »…).
Malheureusement, tant que l’exécutif, soutenu par des élus politiquement suicidaires, maintiendra par idéologie, contre l’avis de plus de 9 Français sur 10, un cap catastrophique, les Français siffleront.
Malheureusement, tant que ce même exécutif ne donnera pas au peuple de vrais lieux d’expression pour lui dire son inquiétude, des Français le diront aux moments où on ne les attend pas.
Malheureusement, tant qu’un gouvernement prétendra représenter la France alors qu’il la trahit, prétendra représenter un peuple alors qu’il le méprise, la colère montera.
Quel est ce régime qui se dit menacé par des sifflets, au point d’en arrêter les auteurs ? Quel aveu de faiblesse… Les « groupes factieux » de M. Valls sont bien gentillets : si le désespoir grandit, certains manqueront bientôt de vocabulaire pour décrire les violences qui surgiront.
Car, malheureusement, des violences surviendront, et de plus en plus. Pourquoi ? Les mouvements pacifiques ont été ignorés, méprisés, réprimés. Depuis lors, tous ceux qui veulent être entendus savent ce qu’il faut faire : casser, cogner, brûler.
Les apprentis-sorciers sont aujourd’hui confrontés aux conséquences de leur mépris.
Ils le seront demain davantage si d’ici là rien ne change.