"Aux jeunes qui partent en Syrie, je veux dire qu'il y a 1000 combats à mener dans la République, pour la France" pic.twitter.com/0edPSMYxcO
— Bernard Cazeneuve (@BCazeneuve) 26 Mai 2014
La question est : pourquoi ces jeunes, souvent issus de familles musulmanes plutôt sécularisées, voire non musulmanes, plongent-ils dans l'islam radical et le djihad ? Certainement parce que c'est en France, aujourd'hui, le moyen le plus simple, pour un jeune sans repères (espèce en voie de prolifération), d'en retrouver, de trouver un sens à sa vie, de trouver un lieu où vont s'exprimer et s'épanouir un idéalisme propre à la jeunesse et jusqu'alors frustré.
La solution réside donc probablement dans la proposition d'un idéal français, d'une grande aventure spirituelle et/ou patriotique à l'intérieur de notre culture. Tant que ces jeunes-là ne concevront pas comme possible et souhaitable le fait de donner leur vie pour ce pays dont ils ont la nationalité, ils rechercheront ailleurs d'autres choses, d'autres causes auxquelles ils pourront la donner. Or étant donné que dans les pays du Maghreb, l'identité première des habitants est l'islam (comme me l'avait expliqué naguère un colocataire marocain), la cause est toute trouvée ! Ajoutons à cela le constat évident d'une société occidentale décadente, perçue par eux comme fruit du judéo-christianisme : la révolution djihadiste devient alors pour eux souhaitable, et peut même être perçue par eux comme un cadeau pour cet occident perverti.
Du coup, par ce tweet, Cazeneuve semble s'approcher de l'origine du problème. Mais il ne suffit pas d'invoquer "1000 combats pour la France" pour que ces combats existent, soient adaptés, et puissent leur être concrètement proposés. Ce n'est pas un tweet, imprécis et sibyllin, qui suffira à donner ces solutions... quand même il serait lu par les jeunes concernés, peu susceptibles de "follower" Cazeneuve.
Pire, il y a fort à parier que les "combats" républicains évoqués par lui ne soient que des avatars de la logique socialiste omniprésente en France depuis des générations : en plus de "combats" économiques, je subodore le "combat de l'égalité", le "combat de la tolérance", le "combat des droits de l'Homme" (ou plutôt "des droits des femmes"), voire, à l'aune des conneries présidentielles, le "combat des bisous"...
Autant dire qu'il risque fort de n'y avoir pas ici de quoi donner un sens à la vie d'un jeune homme vigoureux en recherche d'avenir.
Pour cela, pour que de vrais combats existent et puissent leur être proposés, il faudrait que la France soit aimée. Il faudrait donc qu'elle soit aimable, et, en premier lieu, que, rejetant les prophètes maudits de l'éternelle flagellation et de la repentance obligatoire, elle s'aime elle-même, et qu'elle se fasse aimer, par une école rénovée, des élites exemplaires, un service militaire retrouvé.
Pourquoi est-ce que je ne parviens pas à croire que le sinistre Cazeneuve l'ait compris ?